lagodiniere27.fr

 

 

 

Plan  du  site  :  cliquez...

 

 

La Ferme de La Godinière
27410 Le Noyer en Ouche

 

dernière mise à jour de cette page : 21.08.2023

 Vous êtes sur le site personnel de René Lesur : http://lagodiniere27.fr

 

     Forges et Moulins en Pays d'Ouche
par l'histoire de la métallurgie et le le cadastre "Napoléon"

 

Le Chatel la Lune, ancienne paroisse, hameau du Noyer-en-Ouche, était célèbre pour son extraction de minerai, revoir son histoire...

 

Je ne connaissais pas les détails de cette histoire industrielle, j'ai envie de partager mes superbes découvertes...

+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

 

Le Pays d'Ouche :

            Ce pays tirerait son nom de la forêt d'Ouche qui le couvrait primitivement : cliquez
            Il représente une superficie de 70 000 ha dont 25 000 en labours. C'est un plateau accidenté et boisé : forêt de Conches, forêt de Beaumont (3700 ha), forêt de Breteuil ; il est séparé des plaines d'Evreux et de Saint-André par la vallée de l'Iton.
           
Le terrain est ici argileux et sableux, avec une très mince couche de terre arable, un sol imperméable et formé de grison (roches ferrugineuses). C'est ce qui explique que ce "Pays" est assez peu fertile ; certainement le moins riche du département. Par contre, c'est le pays des pommiers à cidre par excellence.
            Le Pays d'Ouche est traversé par la vallée de la Risle qui prend sa source à l'Ouest de l'Aigle, et la vallée de la Charentonne qui prend naissance dans le département de l'Orne dans la forêt de Saint- Evroult (fontaine Saint Evroult) pour se jeter dans la Risle.

Le Pays d'Ouche (Uticus Pagus, du celtique *Utika ) est un pays normand qui comprend le nord-est du département de l'Orne et le sud-ouest de celui de l'Eure. Il est centré sur la vallée de la Risle en amont de Beaumont-le-Roger, est limité par la Charentonne au nord, l'Iton à l'est. À l'ouest, il confine au pays d'Auge (Pagus Algiae) et, au sud, au Perche. La ville la plus peuplée du pays d'Ouche est l'Aigle (ou Bernay selon que l'on la considère en Ouche ou non.) (Ref Wikipédia)

 

            La Risle sépare le Lieuvin de la plaine du Neubourg et du Roumois et se jette dans la Seine en amont de Honfleur après avoir parcouru 150 km.

 

Voir à ce sujet le Livre de Laurent Colombe intitulé :
La RISLE : fleuve de Normandie - Une histoire d'eau -
Laurent Colombe - Le moulin à tan
Saint Aubin sur Risle - 27410 AJOU
Email : colombe5@caramail.com

 

            Le décor est planté, et, dès que l'on ouvre un livre ou un guide quelconque de cette région, il y a toujours une évocation du passé industriel fixé sur les rives de la Risle, tout comme les autres cours d'eau de toutes nos régions, fournissant la force motrice par une roue qui transmet le mouvement aux différentes installations, les moulins étant les plus répandus, ils peuvent avoir des usages variés : blé, tan, etc... Les moulins étaient nombreux sur la Risle comme le décrit Laurent Colombe. Les Forges utilisaient également la force motrice de la rivière pour actionner le soufflet.

 

            Le pays d'Ouche était aussi connu pour son extraction de minerai destiné à la fabrication du fer, et nous trouvons encore de nombreux vestiges témoignant de ce passé industriel florissant à la fin du 19è siècle. Il existe un ouvrage de référence en la matière :    La Grande Métallurgie en Haute-Normandie à la fin du XVIIIe siècle  dont voici le résumé :

 

 

Cette page est composée de plusieurs volets, afin d'en limiter la longueur et en faciliter la lecture

 

1 - La Grande Métallurgie en Haute-Normandie à la fin du XVIIIe siècle

Document retranscrit par René LESUR Nov 2019 – Cet ouvrage est primordial, fallait-il le retranscrire intégralement ou bien seulement la partie consacrée au Pays d'Ouche ? Tout est lié... l'intégralité a tout son sens, et quiconque lira ces lignes découvrira un endroit qui lui est familier dans le Pays d'Ouche.

 

2 - Le Cadastre du Noyer en Ouche 1834. De la lecture de cet ouvrage sur la métallurgie, aussi bien que celui de Laurent Colombe sur les moulins, il ressort une envie de voir plus près où se situent ces installations dont on remarque de ci, de là, des vestiges plus ou moins importants au gré de nos balades, le CADASTRE est la source de référence,

 

3 - Le Moulin de Chatel la Lune et le Moulin d'Urclé

 

4- Le Fourneau de La Houssaye et la Forge de la Ferrière-sur-Risle

 

5 - Les maîtres de forges, Le Vacher d'Urclé et les autres...

 

 

1 - La Grande Métallurgie en Haute-Normandie à la fin du XVIIIe siècle

 

"" La Normandie était, à la fin de l'Ancien Régime, l'un des trois grands foyers sidérurgiques français.

Dans cette étude, l'auteur dresse un tableau « l'ensemble de la métallurgie du Perche et du Pays d'Ouche », qui, avec 24 usines et une production représentant 80 % de celle de toute la Normandie, constituaient, au XVIIIe siècle, le plus important foyer industriel « de la France de l'Ouest ».

L'existence de vastes réserves forestières, l'abondance des rivières et la richesse en minerais de fer superficiels ont, en effet, suscité très tôt dans cette région une métallurgie très active.

La grande spécialité en était la fonte moulée ou poterie, qui représentait 32 % de la production et alimentait un important commerce d'exportation, notamment vers l'étranger et les colonies. La Noblesse et l'Eglise, propriétaires de vastes domaines forestiers, détenaient naturellement une écrasante prépondérance dans cette vieille sidérurgie au bois.

 

Sur 25 établissements, 21 appartenaient à des nobles, 3 à l'Eglise représentée ici par les abbayes de Lyre et de Saint-Evroult.  La vieille noblesse des Bouillon, des Broglie, des Martel, des Agis ou des Le Veneur, était la plus nombreuse, mais l'on relève aussi parmi les propriétaires de forges, des parlementaires comme les d'Aligre ou les Asselin, et même des anoblis récents comme les Le Vacher.

 

Aucune concentration n'apparaît encore dans la propriété, la possession d'une ou deux forges étant, à une exception près, la règle générale.  Une concentration remarquable s'était en revanche déjà opérée au niveau de l'exploitation au profit de certaines familles « le maîtres de forges » comme les Duboullay ou les Le Vacher, ou même de sociétés de capitalistes rouennais ou parisiens, où l'on relève déjà les noms des futurs maîtres de la métallurgie normande, ceux d'Antoine Roy et des frères Caroillon. ""

 

Citer ce document  :

Richard Guy. La Grande Métallurgie en Haute-Normandie à la fin du XVIIIe siècle.

In: Annales de Normandie, 12è année, n°4, 1962. pages  263-289;

 

doi : https://doi.org/10.3406/annor.1962.4518  -  https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1962_num_12_4_4518  - 

Fichier pdf généré le 05/01/2019

 

Guy Richard  -   Annales de Normandie Année 1962 12-4 pp. 263-289

 https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1962_num_12_4_4518

 

 ------------------------------------------------------------------------------------

 

Région d'industrie métallurgique dès le Moyen Age, la Normandie était à la fin du 18è siècle, l'un des trois plus grands foyers sidérurgiques français, talonnant avec ses quelque 15.000 tonnes de fontes et 6000 tonnes de fers (1), la Franche-Comté (17.000 tonnes de fontes et 10.000 de fers) et la Champagne (1 9.500 tonnes de fontes et 9.000 de fers).

 

Pourtant, en tant que région métallurgique, elle n'a guère suscité l'intérêt des historiens :
si quelques monographies locales (2) ont vu le jour il y a une vingtaine d'années ou plus, aucun travail d'ensemble n'a jamais été consacré à une étude globale de la grande métallurgie normande à son apogée. En particulier, si les forges du Perche et du Calvados ont été fort bien étudiées, rien n'a jamais été dit sur le principal foyer industriel normand, savoir le Pays d'Ouche. Or beaucoup plus que le Perche, qui, avec cinq établissements, ne représentait en fait que 11 % de la production normande, le Pays d'Ouche, avec dix-sept usines et plus de 60 % de la production totale de la province, aurait mérité une étude détaillée.

 ------------------------------------------------------------------------------------

(1) Ces chiffres, très supérieurs à ceux que donne B. Gille, dans son ouvrage, Les Origines de la (fronde industrie métallurgique en France, Paris, 1947, p. 168-109, ont été établis à partir des indications de l'Annuaire statistique, historique et administratif du département de l'Orne pour 1811 et du Mémoire statistique du département de l'Eure, Paris, An XIII. Comme toutes les statistiques de cette période, ils sont évidemment sujets à caution et l'écart avec la réalité est probablement dans certains cas de 50 %. Même en acceptant cet écart pour toutes les usines, la production atteindrait 7.500 tonnes pour les fontes et 3.000 tonnes pour les fers, c'est-à-dire des chiffres voisins de ceux que donne l'état de 1771 (6.000 et 2.000 tonnes) et en tout cas très supérieurs aux 3.000 et 1.35O tonnes que donne B. Gille. Ils concordent d'ailleurs souvent avec les déclarations laites par les propriétaires à l'occasion des demandes d'autorisation exigées par la loi de 1810, chiffres que rien n'interdit d'extrapoler, étant donnée l'insignifiance des progrès techniques jusqu'en 18 :50.

En fait tout ce que l'on peut établir ce sont des ordres de grandeur : la capacité moyenne des fourneaux de l'époque, était théoriquement de 250 tonnes de poterie par fourneau, en fait 201 ! tonnes à peine en raison des fréquentes périodes de chômage, soit, pour les 14 ou 15 fourneaux de la Généralité d'Alençon produisant des poteries, environ .'5 000 tonnes de fonte moulée, auxquelles il convient d'ajouter la gueuse : 400 tonnes en moyenne par fourneau en )813, soit pour les 28 fourneaux de la Généralité, 12.000 tontes, et au total 15.000 tonnes de fonte. Quant au fer, à raison d'une moyenne de 250 tonnes par forge, nous obtenons pour 28 forges en activité, 7.000 tonnes environ. Ce qui nous ramène aux chiffres énoncés plus haut.

 

(2) G. Darpentigny, Les forges de Putanges dans Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, 1905 ; Abbé Godet, Le Moulin-Renault et l'industrie du fer dans Bulletin de la Société Percheronne d'Histoire et d'Archéologie. 1911 ; ,1.-0. Mouchcl, Anciens ferrons du Territoire du I.'Aiglv. ibid., 19(> ;t ; G. Primois, Notes sur la grosse forge de Pontoeuvre et sur le fourneau de Saint-Evroult, ibid., 192(5 ; ,T. de Mauldc, Les mines de fer et l'industrie métallurgique dans le Calvados, Caen, 1916 ; M. Leroux, L'industrie fin fer dans le Perche, Paris. 1910.

  ------------------------------------------------------------------------------------

264 ANNALES DE NORMANDIE

 

En outre, il faut bien constater que le souci premier des érudits locaux qui se sont penchés sur les forges de Normandie, n'a pas été d'encombrer leurs publications d'un appareil critique qui aurait grandement facilité les recherches des historiens futurs. De ce fait, bien des assertions sont invérifiables, se fondant bien souvent sur des sources inconnues dans les dépôts publics ou n'indiquant que des références aussi peu satisfaisantes que
« Archives de l'Orne » ou « Archives Nationales - Ministère de l'Intérieur » !

Quelques ouvrages d'intérêt général ont certes consacré quelques lignes, voire quelques pages à la sidérurgie normande, au premier rang desquels il convient de citer l'irremplaçable livre de H. et G. Bourgin (3), qui a le mérite de dresser un inventaire, évidemment imparfait, mais le seul qui existe, des forges normandes en 1789.

L'on peut certes faire à l'ouvrage bien des reproches mineurs comme son découpage départemental, mais la principale lacune de ce travail monumental apparaît essentiellement d'information : les auteurs, en effet, ne pouvaient, cela se conçoit, dépouiller les archives de tous les départements. Or, pour la Normandie, les Archives Nationales, seules utilisées par eux, sont d'autant plus insuffisantes que les dossiers des enquêtes de 1771 et 1788 n'ont pas été versés pour la Généralité d'Alençon et se trouvent uniquement, d'ailleurs incomplets, aux Archives de l'Orne sous les cotes G 39 et G 46.

C'est au contraire dans ces cartons que M. Bertrand Gille a puisé pour rédiger les quelques passages fort intéressants, notamment sur les essais de concentration industrielle, qu'il a consacré à la Normandie dans son ouvrage sur les origines de la métallurgie française. Mais évidemment, dans un cadre aussi vaste, il n'était pas question pour cet auteur de faire une étude détaillée des forges de Normandie. Ce travail a été cependant très utilement complété en 1960, par la publication par M. Bertrand Gille, des résultats de l'enquête de 1772 sur les forges (4).

 

C'est donc en utilisant, d'une part les mêmes documents, d'autre part différents dossiers pratiquement inutilisés jusqu'ici des séries M et S des Archives départementales de l'Eure, que nous avons entrepris de compléter, pour la Haute-Normandie, le travail de H. et G. Bourgin.

Ce n'est pas ici le lieu de faire, une fois de plus, une étude détaillée des conditions historiques et géographiques de la grande métallurgie normande avant 1860 et particulièrement sous l'Ancien Régime. Il suffira de renvoyer aux ouvrages qui les ont exposées à différentes reprises (5).

  ------------------------------------------------------------------------------------

(3) H. et G. Bourgin, /.' industrie sidérurgique en France nu début de la Révolution Paris, 1920.

(4) B. Gille, Les origines de la grande industrie métallurgique française, Paris, lit 17 : /,».%■ forces françaises en 1772. Paris. I960.

(5) M. Leroux, op. cit. : J.-O. Mouchel, op. cil. ; G. Primois, op. cit. ; A. Desloges. Les forges de Xormuiulie. origines de la fabrication du fer en Normandie, 2U édit., Yei - ncuil, 1003 ; Allard de Gaillon. Les barons fossiers* et les ferons de Normandie (1285-17 $}))< Paris, 1837.  

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

265 LA GRANDE METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE

 

Plus important nous apparaît être de localiser exactement cette industrie : en fait, deux grands foyers peuvent être distingués aux deux extrémités de la Généralité d'Alençon.

Le foyer occidental serait grossièrement inscrit dans un quadrilatère dont les quatre angles seraient occupés par les villes d'Alençon, Falaise, Flers et Domfront : fixées par les grandes forêts de Gouffern, d'Ecouves, de Perseigne, des Andaines et d’Halouze, il comptait une quinzaine d'usines en activité en 1789. Nous y reviendrons dans un prochain article.

 

Le foyer oriental, séparé du précédent par 40 ou 50 kilomètres, était entièrement localisé à l'est d'une ligne Vimoutiers - Moulins-la- Marche – Rémalard  et correspondait au Pays d'Ouche, au Perche et au Thimerais.

- https://fr.wikipedia.org/wiki/Thymerais -

Le Thymerais (ou Thimerais) est une région naturelle du nord-ouest de l'Eure-et-Loir, il couvrait au XIIIe siècle tout le nord-ouest de l'Eure-et-Loir ainsi que quelques villages du Drouais, de l'Eure et l'Orne et débordait sur les actuels cantons de Courville et de La Loupe.

Le Thymerais constitue une zone de transition et est délimité grossièrement par l'Avre au nord qui le sépare du département de l'Eure au sud et à l'est, et par le département de l'Orne à l'ouest.

La région, essentiellement agricole, est un plateau mais possède un territoire vallonné et couvert de forêts vers le sud et l'ouest. Ces massifs forestiers, principalement composés des forêts domaniales de Châteauneuf-en-Thymerais, de Senonches et de la forêt de la Ferté-Vidame représentent à eux seuls plus de la moitié de la superficie des massifs forestiers de l'Eure-et-Loir.

Le massif de Senonches appartient au parc régional du Perche. Ses sols composés de silex sont propices à la culture des céréales. La région est également connue pour son fer.

 

          (Sur fond vert, les passages qui intéressent particulièrement notre secteur proche du Noyer-en-Ouche).

Servi par un éventail de rivières modestes, mais régulières, divergeant des collines du Perche, comme la Jambe, l'Avre, l'Iton, la Risle et la Charentonne, et par l'abondance de gisements superficiels d'hématites à 35 % de teneur, il était surtout étroitement conditionné par l'existence des vastes massifs forestiers qui marquent le contact des trois départements de l'Orne, de l'Eure et de l'Eure-et- Loir : forêts d'Evreux, de Conches, de Breteuil, de Beaumont, de Broglie, de Saint-Evroult, de la Trappe, du Perche, de Reno, de Valdieu, de Longny, de Senonches et de la Ferté-Vidame.

 

Il conviendrait également de mettre en relation l'apparition des hauts-fourneaux et des grosses forges, qui avaient remplacé les antiques forges à bras à partir du 16è siècle, avec la structure féodale, de la propriété foncière, qui, avec la possession quasi exclusive des forêts, des minières, des rivières et des étangs, donnait à l'Eglise et à la Noblesse le monopole à peu près absolu de l'industrie métallurgique.

 

Plus que les privilèges, assez théoriques, des « barons fossiers » (6), le privilège du droit de forge et de fourneau qui se concédait à fieffe (7), et non selon un simple bail d'affermage, explique à la fois l'importance des entreprises nobles dans ce secteur industriel et le développement remarquable, grâce aux capitaux nobles, d'un type d'industrie qui réclamait de grosses mises de fonds.

 

Toujours est-il que cette région représentait à elle seule 80 % de la production sidérurgique de la province. Au sein même de cette région, il convient de faire une place à part au Pays d'Ouche, qui, avec seize des trente-sept établissements normands en activité en 1789, produisait à lui seul 63 % des fontes et fers de toute la Généralité, contre 11 % seulement au Perche.  

  

------------------------------------------------------------------------------------

(6) Cf. H. de Formeville, Les barons fossiers et les ferons de Normandie, dans Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 1851 ; E. Allard du Gaillon, op, cit. ; M. Baudot.

Les assemblées et la juridiction des ferons, fossiers et nenciers de Normandie entre Orne et Avre, dans Annales de Normandie, 1950. Les AD. Eure conservent sous la cote II F 728, de nombreux documents sur les assemblées des barons fossiers. D'autres pièces se trouveraient aux A.D. Orne sous une cote 51 (' ?), selon l'ouvrage, cité infra, de H. Isambart.

 

(7) Cf. par exemple les actes du 28 mars 1622 entre l'évêque d'Evreux, seigneur de Condé, et Jean Bucaille, et du 4 octobre 1704 entre l'évêque d'Evreux, Mahot de La Poltière et Jean Le Vacher de Perla, concernant le fourneau de Condé (A.D. Eure. 19 S 38) ; l'état de 1771 (A.D. Orne, C 39) Indique même encore l'évêque d'Evreux comme propriétaire Je Condé.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

1-LEVACHER

 LEVACHER Antoine 1 &1610 Madelaine MIREL

    Antoine 2 1612- & Marie LEPAGE

o Thomas 1649-/1696 & Anne LORETTE 1651-/1696

o Jean 1676-1721 Maître de forges, marchand à Bourth &
              1696
Charlotte HAROU
†1710

o Jean Thomas 1701-1758 Maitre de forges à Breteuil, Condé et Berou,
               officier  de la garde-robe du roi &
Louise LE ROMAIN
†1756/

 ------------------------------------------------------------------------------------

 

266  ANNALES DE NORMANDIE

 

Le Pays d'Ouche pourrait s'inscrire en gros dans un octogone irrégulier passant par Conches, Breteuil, Bourth, Moulins-la-Marche, Gacé, Le Sap, Broglie et Beaumesnil ; Glos-la-Ferrière en était le centre à la fois géographique et historique.

Entièrement contenu dans la Généralité d'Alençon, il était séparé du Perche et du Thimerais par la vallée de l'Avre.

 

En fait, il conviendrait de rattacher à ce Pays d'Ouche géographique, au nord, la région comprise entre la Risle et la Charentonne jusqu'à leur confluent, avec la forêt de Beaumont et les établissements de Courcelles et de Ferrières-Saint-Hilaire ; à l'est, le cours inférieur de l’Iton avec les usines de Condé et de La Bonneville et la forêt d'Evreux.

 

Au total, ce Pays d'Ouche métallurgique comptait en 1789, dix-sept établissements dont treize dans le futur département de l'Eure et quatre seulement dans celui de l'Orne (cf. tabl. I)

Tableau I - Les établissements métallurgiques du Perche et du Pays d'Ouche à la fin du XVIIIe siècle

 

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(8) Principales sources utilisées : Arch. Nat., FJ2 080, 1304, 1305 B. 1005 et l<>08. F'i 4314, 4348 à 4351, 4352. 4454 et 4455 ; Arch, dép Orne. C 39 et 46 ; Arch. dép. Eure, E 3371 et 3372, II F 728, 13 M 146», 14<>2, 147. 151. 15 M 12G, 19 S 1. 2, 38, 46, 47, 33 S 1.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

267 LA GRANDE METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE

 

La grande métallurgie en Haute Normandie à la fin du XVIIIème siècle     Carte 1

 

268 LA GRANDE METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE

 

1er groupe

Un premier groupe était constitué au nord par les établissements de Ferrières-Saint-Hilaire  (souvent confondu à tort, même au 18è siècle, avec celui de La Ferrière-sur-Risle)  et de Courcelles, tous deux situés sur la Charentonne.

 

L'usine de Ferrière-Saint-Hilaire (9), qui appartenait au duc de Broglie, - Broglie - existait « de temps immémorial », liée au droit de forge et de fourneau attaché à la baronnie de Ferrières et confirmé par les lettres patentes de juin 1742 érigeant la terre de Ferrières en duché de Broglie.

Le baron de Ferrières, l'un des six barons fossiers de la province, prétendait même faire remonter ses privilèges aux anciens ducs de Normandie. Toujours est-il que l'existence des forge et fourneau de Ferrières est déjà attestée au début du 17è siècle, lors du dénombrement de la baronnie, rendu au Roi en la Chambre des Comptes de Rouen le 25 juin 1604. Ferrières bénéficiait de la proximité de la forêt seigneuriale de Broglie ; pourtant elle ne semble avoir eu qu'une activité très intermittente. La forge qui, à la fin du 18è siècle, comprenait deux feux d'affinerie et un feu de chaufferie, et la fonderie, longtemps inactives, semblent avoir été remises en activité en 1732.

 

 

 

 

 

 

Quant au haut-fourneau de Chambois,  - ancien nom de  Broglie -  dont l'activité est attestée en 1722, il est très difficile de dire s'il était effectivement à feu à la fin du 18è siècle.

Les textes contemporains sont eux-mêmes contradictoires : l'état de 1771 précise que l'usine de Ferrières n'a pas de fourneau et tire ses fontes de Moulin-Chapelle et de La Ferrière-sur-Risle et lui attribue une production de 175 tonnes de fer.

L'état de mai 1788, de son côté, indique que Ferrières consiste en une fenderie, une forge et une fonderie, tandis qu'un état du 8 pluviôse an VI parle d'une forge, d'une fonderie et d'un haut-fourneau depuis longtemps inactif.

Quant au Mémoire Statistique, qui donne à Ferrières un effectif de 50 ouvriers, il lui attribue une production de 100 tonnes de fonte moulée, 750 tonnes de gueuse et 350 tonnes de fer en 1789 ; de 100 tonnes de fonte moulée, 400 de gueuse et 375 de fer en 1802 (10). En fait, à partir de 1810, il n'est plus question que d'une forge et d'une fonderie.

 

Aussi peut-on se demander si la mention d'une production de fonte jusqu'en 1802 ne s'explique pas par une confusion, somme toute habituelle, avec La Ferrière, que le Mémoire Statistique ne mentionne même pas. Ferrières offre en tout cas une particularité, celle d'être restée entre les mains d'une même famille, les Broglie, depuis le 17è siècle jusqu'en 1850, date de sa conversion en filature.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(9) Arch. Nat. : F]2C0o, Fn 4348 ; Arch. dép. Eure : 19 S 12, 33 S 1 ; Arch. dép. Orne : C 39, C 46.

(10) En fait, il semble que le Mémoire Statistique qui donne exactement les mêmes chiffres pour Ferrières et Courcelles, attribue à chacun des deux établissements, exploités par le même fermier, la production globale des deux usines réunies. En divisant les chiffres donnés par deux, ou obtient une production du même ordre de grandeur que celle indiquée par l'enquête de 1771.

(11) Arch. Nat. : F)2 1605, FM 4318 ; Arch. dép. Eure ; 19 S 12. 33 S 1, E 3371, E 3372 ; Arch. dép. Orne : C 39, C 46,

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

269 LA GRANDE METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE

 

Plus en aval, à la lisière de la forêt de Beaumont, la forge de Courcelles (11), à Fontaine-l'Abbé, était aussi ancienne que Ferrières, remontant à des lettres patentes du 28 août 1603 en faveur d'Antoine de Garencières, sieur de Courcelles, confirmées à plusieurs reprises et notamment en 1675 et 1724.

 

Après être restée dans la famille de Garencières pendant plus d'un siècle, Courcelles appartenait en 1788 à Jean Laurent Le Mettayer, chevalier, seigneur de la Haye-Lecomte de la Neuville, seigneur et patron de Courcelles.

A partir de ce moment, l'établissement semble avoir souvent changé de mains : la veuve de la Haye-Lecomte la revendit à Jacques-Pierre-Amable Chrétien de Fumechon, qui la revendit en 1799 à Charles-Martin Mattard.  A la mort de ce dernier, en 1802, elle passa à un certain Bautier.

En fait, les mêmes fermiers exploitaient en général Courcelles et Ferrières : en 1771 les deux usines avaient été prises à ferme par une société Grandin, Flavigny, Mattard et Cie ; en 1802, c'est la veuve Mattard qui groupait entre ses mains Courcelles, Ferrières et Moulin-Chapelle. Courcelles n'avait, semble-t-il, pas de fourneau, selon l'état de 1771 ; mais le Mémoire Statistique affirme qu'en 1789 elle produisait 100 tonnes de. fonte moulée et 750 de gueuse (12). En 1818 en tout cas, il est dit qu'elle consiste en une forge et une fonderie « qui avait remplacé le fourneau ».

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

Généalogie MATTARD - Auteur de cet arbre : patrickmattard  complété avec les autres recherches par R Lesur

 

o MATTARD Denis ca 1690- Marie de FRÉVILLE ca 1690-/1720

o Martin né 18 mars 1711 à Hauville - marié 30 nov 1742 à Ferrières Saint Hilaire
avec  
Marie-Anne Geneviève de SOLLIGNY
ca 1720-

o Charles Martin †1er janvier 1801 à Bernay marié  le 12 octobre 1785 à
             Rouen, Saint Martin du Pont  avec
Françoise Victoire AUGER

o Christophe né 7.08.1712 à Hauville – dcd 1719

o Marie Marguerite  née 10.02.1714 à Hauville -

o MATTARD  Denis ca 1690- marié 9.01.1720 à Hauville avec  Madeleine VITREL

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

D'ailleurs, comme pour Ferrières, l'état de 1771 indique que les fontes travaillées à Courcelles venaient de La Ferrière-sur-Risle et de Moulin-Chapelle. L'usine qui aurait employé une cinquantaine d'ouvriers, produisait en tout cas du fer. 150 à 200 tonnes en 1771, 350 tonnes en 1789, 375 en 1802.

 

2è groupe

Un autre groupe était constitué à la limite orientale du Pays d'Ouche par les usines du Vieux-Conches et de La Bonneville, les deux plus importantes de la région. L'usine de La Bonneville (13), sur l'Iton, en bordure de la forêt d'Evreux, était relativement récente. Son origine remontait au contrat d'échange passé les 24 mars 1710 et 21 avril 1711 entre Godefroy-Maurice de La Tour d'Auvergne, duc de Bouillon et comte d'Evreux, seigneur de La Bonneville, et Edmond Jorel, écuyer, sieur de Saint-Brice, en vertu duquel ce dernier s'obligeait à construire forge et fourneau sur la terre de La Bonneville, Construits vers 1714, la forge et le fourneau furent acquis vers 1749 par François-Marie Le Cornu de Bimorel, conseiller, puis président au Parlement de Rouen.

A sa mort en 1775, ils passèrent avec la terre de La Bonneville, à sa fille Anne-Françoise Le Cornu de Bimorel, épouse de Jean-François-Alexandre Asselin baron de Villequier (14). (La Croix Saint Leufroy Chapelle de Bimorel),

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

Généalogie  de

François Marie LE CORNU de BIMOREL 1705-1775 Marié le 30 janvier 1732, 27, CONCHES-en-OUCHE, Eglise Le Vieux-Conches, avec Marie Anne HARON d' HONNEVILLE ?1715-1771

Ont 3 enfants dont :

            Marie Anne LE CORNU de BIMOREL 1739-1825 Mariée le 10 janvier 1757, 27, LA CROIX-St-LEUFROY, Chapelle de Bimorel, avec Jean-François "Alexandre" ASSELIN, Baron de Villequier (4e) Seigneur d'Auberville 1708-1782

 

Auteur de cet arbre : lacroix6

   ------------------------------------------------------------------------------------

 

https://archives.eure.fr/ark:/26335/a011582122952Wq2hxM/b5b3743cb1 - La Bonneville sur Iton -Table cadastre 3P6 100 – 1855 -

Mme de Villequier à Boulay Morin   - Mme De Neuville à Evreux - M Gazan à Evreux

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

Pas plus que les seigneurs de Ferrières et de Courcelles, les Asselin, qui gardèrent La Bonneville jusque vers 1839, n'exploitaient eux-mêmes leur forge. En 1789, elle était affermée au maître de forge Mattard. sans doute déjà associé aux Caroillon.

En 1791 en tout cas, l'exploitation de La Bonneville était passée entre les mains d'une société'' Caroillon, Mattard et Cie (15), que nous retrouverons au Vieux- Conches et à Trisay.

  ------------------------------------------------------------------------------------

(12) Pour tous les chiffres concernant Courcelles, même remarque que pour Ferrières Saint-Hilaire. Cf. supra, n. 10.

(13) Arch. Nat. : F>2 lf.Oô, FM 1348 et 4350 ; Arch. dép. Eure : 19 S 38, 33 S t. II F 728

(14) Cf. Charpillon et Caresme, Dictionnaire historique des communes de l'Eure. 2 vol, J.es Andelvs. 1879 : I. 411. 475. 903 et 905 ; II. 29 et 875 :

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

ANNALES DE NORMANDIE 270

 

Les usines de La Bonneville étaient très bien placées entre les forêts d'Evreux et de Conches, dont Caroillon et Cie s'étaient portés adjudicataires en 1791. A la différence des précédentes, La Bonneville était incontestablement une usine complète avec son haut fourneau, sa forge à quatre feux et sa fenderie. Employant 65 ouvriers, elle produisait en 1789, selon le Mémoire Statistique, quelque 700 tonnes de fonte moulée, 400 tonnes de gueuse et 400 tonnes de fer en barres ou fendu.

En 1802, les chiffres auraient été respectivement de 700, 300 et 275 tonnes.

 

A 7 kilomètres à l'ouest, l'usine du Vieux-Conches ou des Vaugoins (16), sur le Rouloir, à l'orée même du principal massif forestier du Pays d'Ouche, soutenait la comparaison avec La Bonneville. Beaucoup plus anciennes, puisque leur existence remontait sinon à 1526, du moins à la fin du 16è siècle, époque où elles furent fieffées à Maurice Allard, sieur du Bois-Gast, ainsi que l'attestent les lettres patentes données en sa faveur le 24 janvier 1598, les forges du Vieux-Conches restèrent plus d'un siècle dans la famille Allard, qui les reconstruisit en 1625.

 

Au milieu du 18è siècle, elles appartenaient à René-Louis Gervais, bourgeois de Paris,
à la mort de qui elles furent vendues par adjudication le 20 mars 1773, au profit d'André-René Le Boullanger de Capelle, qui utilisa à cette occasion un certain Lebas, avocat, comme prête-nom. A cette époque les forges du Vieux-Conches comportaient deux feux d'affinerie et un feu de chaufferie, et sans doute un fourneau puisqu'elles produisaient 300 tonnes de fonte et 175 de fer ; en 1771 elles étaient exploitées par Grandin, Flavigny, Mattard et Cie.

Lors de l'ouverture de la succession Le Boullanger, Caroillon d'Estillières, sous le nom d'un certain Lombard, se porta acquéreur pour 120.000 livres, le 31 mai 1786.

A dater de ce moment, l'usine des Vaugoins ne cessa de se développer : en 1789, elle aurait comporté, outre la forge, deux fourneaux, une fenderie et un martinet, avec un effectif de 150 ouvriers.

La date de construction des deux fourneaux est d'ailleurs assez délicate à déterminer : la production de fonte supposerait l'existence du premier dès 1771 ; il semblerait en tout cas qu'il existait en 1786.

  ------------------------------------------------------------------------------------

(15) La composition et la raison sociale de cette société semblent avoir varié dans le temps, quoique les mêmes reviennent sans cesse :

Caroillon d'Estillières, fermier général, conseiller-secrétaire du Roi,

Caroillon de Vandoeul son frère, trésorier «le France, fermier du comté d'Artois pour ses usines de Senonche et Dampierre,

Le Vacher «le Grandmaison, conseiller-secrétaire du Roi, maître de forge à Breteuil et Bérou, dès 1780 ; Caroillon de Melville, conseiller-secrétaire du Roi, en 1791 ;

Mattard, négociant à Rouen, maître «le l'orge à Courcelles et Ferrières-Saint-Hilaire,

De Fontenay, négociant à Rouen, filateur à Louviers, en 1792 ;

Antoine Roy, avocat au Parlement de Paris, administrateur des seigneurie et forêt «le Navarre pour le duc de Bouillon, en 1802.

(16) Arch. Nat. : F'2 1C05, F 14 4-348 et 1349 ; Areh. dép. Eure : 19 S 47, 33 S 4, 15 M 120, 1 1 F 728 ; Arch. dép. Orne : C. 39,C 46.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

LA GRANDE METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE 271

  

L'usine du Vieux-Conches ou des Vaugoins (16), sur le Rouloir, soutenait la comparaison avec La Bonneville. Beaucoup plus anciennes, puisque leur existence remontait sinon à 1526, du moins à la fin du 16è siècle, époque où elles furent fieffées à Maurice Allard, sieur du Bois-Gast, ainsi que l'attestent les lettres patentes données en sa faveur le 24 janvier 1598, les forges du Vieux-Conches restèrent plus d'un siècle dans la famille Allard, qui les reconstruisit en 1625.

Au milieu du 18è siècle, elles appartenaient à René-Louis Gervais, bourgeois de Paris,
à la mort de qui elles furent vendues par adjudication le 20 mars 1773, au profit d'André-René Le Boullanger de Capelle, qui utilisa à cette occasion un certain Lebas, avocat, comme prête-nom. A cette époque les forges du Vieux-Conches comportaient deux feux d'affinerie et un feu de chaufferie, et sans doute un fourneau puisqu'elles produisaient 300 tonnes de fonte et 175 de fer ; en 1771 elles étaient exploitées par Grandin, Flavigny, Mattard et Cie.

Lors de l'ouverture de la succession Le Boullanger, Caroillon d'Estillières, sous le nom d'un certain Lombard, se porta acquéreur pour 120.000 livres, le 31 mai 1786.

A dater de ce moment, l'usine des Vaugoins ne cessa de se développer : en 1789, elle aurait comporté, outre la forge, deux fourneaux, une fenderie et un martinet, avec un effectif de 150 ouvriers.

 

La date de construction des deux fourneaux est d'ailleurs assez délicate à déterminer : la production de fonte supposerait l'existence du premier dès 1771 ; il semblerait en tout cas qu'il existait en 1786.

 

Quant au deuxième fourneau, (quoique l'ouvrage de H. et G. Bourgin le donne pour

existant en 1789), certains textes (17) laisseraient à penser que sa création se situerait après 1791, si tant est même qu'il ait jamais été mis à feu (18).

 

Toujours est-il que sous l'impulsion de la Société Caroillon, Mattard et Cie, puis Caroillon, Roy et Cie, le Vieux-Conches devint très vite le plus important établissement sidérurgique de la région avec une production, en 1789, de 700 tonnes de fonte moulée, 400 de gueuse et 40(1 de l'ers ; en 1802, de 700 tonnes de fonte moulée, 300 de gueuse et 275 de fers.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

Généalogie CAROILLON   Chez Pierfit

  Denis CAROILLON

Né le 26 mai 1666 - Perrogney-les-Fontaines (52)

Décédé le 11 février 1721 - Perrogney-les-Fontaines (52),

Marchand à Perrogney-les-Fontaines, près de Langres.

           Parents

          Jean CAROILLON /1640-1703 (Laboureur.)  et   Nicole CHEURREY †1669

Marié le 4 juillet 1690, Perrogney-les-Fontaines (52), avec Catherine MATHEY, née en 1673 - Perrogney-les-Fontaines (52), décédée le 25 mars 1767 - Perrogney-les-Fontaines (52) à l'âge de 94 ans

dont

Toussaint CAROILLON, sieur de Perrogney 1695-1760  Marié le 21 avril 1721, Perrogney-les-Fontaines (52), avec Marie-Joseph GIRARD 1698-1735 dont

           

Jean CAROILLON 1698-1748  Marié le 4 juillet 1729, Perrogney-les-Fontaines (52), avec Anne CAILLET 1703-1757 dont

           

Nicolas CAROILLON 1708-1766  Marié le 24 avril 1736, Le Pailly (52), avec Simone  LA SALETTE 1716-1788 dont

Denis François Georges CAROILLON de La CHAMOTTE 1754-1803

 

 ------------------------------------------------------------------------------------

 

A la mort de Caroillon, en 1814, l'usine du Vieux-Conches passa à sa fille, devenue comtesse d'Osmond, qui la fit exploiter par un fermier avant de le revendre au comte Roy en 1827.

 

Antoine Roy

Comte de Roy , Chevalier Grand-croix de la Légion d'honneur

Né le 5 mars 1764 - Savigny (Haute-Marne)  -  Décédé le 3 avril 1847 - Paris, à l'âge de 83 ans

Ministre des Finances 4 janvier 1828 – 8 août 1829 Ministre des Finances 19 novembre 1819 –

14 décembre 1821 Ministre d'État Ministre des Finances 7 décembre 1818 –   30 décembre 1818 Pairs de France 13

   Inhumé - Cimetière du Père-Lachaise - Inhumation   (37e division)

Union(s) et enfant(s)

Marié le 17 avril 1793, Paris, avec Adélaïde Sophie Barré 1775-1812 dont

Marie Élisa Roy 1794-1851 -  Fondatrice de l'Hôpital de Lariboisière  Mariée le 8 janvier 1814 , PARIS 75, avec
                                                Honoré Charles BASTON DE LA RIBOISIÈRE, Comte DE LA RIBOISIÈRE 1788-1868

Alexandrine Roy, 1è Duchesse d'Uzès née 28 avril 1799- 5 aout 1854  

                           mariée le 9 janvier 1817 à Paris avec le général Thalouet Marquis,
                                       
https://gw.geneanet.org/garric?lang=fr&p=alexandrine&n=roy   dont  une fille :

                  Françoise 1818-1863, qui se maria avec Emmanuel de Crussol, duc d’Uzès,

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

http://www.histoireaisne.fr/memoires_numerises/chapitres/tome_22/Tome_022_page_013.pdf

Succession de la Maison Bouillon - Comte Roy – Duchesse d’Uzes –

 

Le comte Roy laissait deux filles, l’une

           Elisa 1794-1851, épousa Charles Honoré de Lariboisière, ancien chambellan et officier d’ordonnance de Napoléon lcr ; ce dernier après Waterloo, quittait l’armée ; était élu député de Fougères ; partisan de Louis Philippe, il siégea à la chambre des pairs et finalement se ralliait h Napoléon III, ce qui lui conférait en 1852 un siège au sénat ; c’est sa veuve qui fit don à la ville de Paris d’une grande partie de sa fortune consacrée à la fondation de l’hôpital Lariboisière.

 

           L’autre fille Alexandrine 1799-1854 , l’aînée, épousait le général Thalouet, dont le frère le marquis de Thalouet était ministre des travaux publics sous l’empire après en avoir été un adversaire farouche.

 

          Ces Thalouet-Roy eurent une fille Françoise née 15 fev 1818 à Paris , qui se maria avec Emmanuel de Crussol, duc d’Uzès : c’est ainsi que la petite fille du comte Roy devint la première duchesse d’Uzès.

De ce mariage naquit un fils Armand, Emmanuel Amable qui épousera MIL de Rochechouard Mortemart,

 

 ------------------------------------------------------------------------------------

 

Emmanuel Amable DE CRUSSOL D'UZÈS, Duc D'UZÈS 1840-1878

 (Parents : Armand Géraud Victurnien Jacques Emmanuel DE CRUSSOL D'UZÈS, Duc D'UZÈS 1808-1872 &  Françoise Antoinette Elisabeth Sophie DE TALHOUËT-ROY 1818-1863)

Marié le 10 mai 1867 , PARIS 75, avec
M Adrienne Anne Manuela DE ROCHECHOUART-MORTEMART
, Duchesse D'UZÈS 1847..1846-1933 (Parents : Louis Samuel DE ROCHECHOUART-MORTEMART 1809-1873 &  Marie Clémentine DE CHEVIGNÉ 1818-1877)               arbre : Alain GARRIC (garric)

 

 ------------------------------------------------------------------------------------

 

              C’est cette demoiselle de Mortemart qui deviendra duchesse d’Uzès et qui sera la châtelaine de Boursault, celle-là même qui connaîtra la notoriété aussi bien dans le domaine mondain que dans celui de la chasse sans oublier pour autant le domaine humain au service d’une grandeur d’âme sensible, compatissante et généreuse.

Du jeune ménage de Rochechouart Mortemart - de Chevigné naquit une fille en 1847 à Paris ; vingt ans plus tard elle devait épouser Emmanuel de Crussol, 12c duc d’Uzès, l’arrière-petit-fils du comte Roy
(  par Françoise de Talhouët-Roy    ) elle sera la fameuse duchesse d’Uzès, la célèbre Diane chasseresse du siècle, qui à la mort de sa mère deviendra la maîtresse du Château de Boursault : ce château où elle termina ses jours le 29 Juillet 1866 à 69 ans, la grand-mère M” Clicquot, celle-là même qui par son intelligence et son labeur portât à un si haut point la perfection du vin de Champagne.

…/… 

 ------------------------------------------------------------------------------------

 Cadastre de Conches et Impositions

 

1824 p 96 – Vieux Conches  -- D’Osmond Comte à Paris - https://archives.eure.fr/ark:/26335/a0115821229520hpLJo/8f0d50b528

 2 chateaux 10 et          74 : D’osmond

1 moulin à blé  45  D’Osmond

1 fourneau 52   D’Osmond

1 forge  66        D’Osmond

 

Cadastre de CONCHES  AD 27  Matrices - https://archives.eure.fr/ark:/26335/a011582122952aAFTzC/9c1922fba7

Table 1857 – 3P6 209

Grosse Forge D 147 ??    D 146 Magasins

Marquis d’Albon et ROY Le Comte Héritiers  à Paris

 

CONCHES   - https://archives.eure.fr/ark:/26335/a011582124122ZmP8Ro/00b741b7f5

3P7 264 Table Augmentations Diminutions  1858

 

D’ALBON Suzanne    Haut Foruneau  Matrice Case  96 - PLAN D98 -  augmentation en 1882

 

 ------------------------------------------------------------------------------------

Famille d'Osmond — Wikipédia

fr.wikipedia.org › wiki › Famille_d'Osmond

 

La famille d'Osmond est une ancienne famille noble française originaire de Normandie et aujourd'hui éteinte. Elle porte écartelé de gueules au vol d'hermines et d'argent à trois fasces d'azur. Ce vol d'hermines se retrouve dans les armes du comté de Somerset en ... Jean Osmont, seigneur du Mesnil Froger et d'Anne-Renée Mallard de Boitron ...

 

 ------------------------------------------------------------------------------------

3è groupe

Un troisième groupe était constitué par les usines alignées le long de la Risle sur plus de 40 kilomètres, savoir d'aval en amont : Moulin- Chapelle, La Ferrière, Trisay, Rugles et Aube.

 

Le fourneau de Moulin-Chapelle (19) à La Houssaye appartenait à la famille Agis de Saint-Denis,  « de temps immémorial » selon les intéressés. En fait il ne semble pas que les Agis de Saint-Denis aient possédé le fourneau de Moulin-Chapelle depuis plus d'une vingtaine d'années en 1789.

 

En effet l'état de 1771, très mal écrit,  donne comme propriétaire un certain marquis de Prier ; or en 1756, Louis-Pierre d'Agis, chevalier, seigneur de Saint-Denis, épousa Louise-Anne-Charlotte de Perrier, vraisemblablement une Mlle du personnage cité dans l'état de 1771 et dont le nom aurait été mal orthographié.

 

 ------------------------------------------------------------------------------------

 

Généalogie  Christine FIEVRE (cfie1 )

Louis Pierre AGIS

Ecuyer seigneur de Saint Denis (25 mai 1772), Ecuyer seigneur de Saint-Ouen de Mélicourt (27) et de Longpré (27)

Baptisé le 22 mai 1733 - Mélicourt (27)    Décédé avant 25 mai 1778

Mousquetaire de la garde du roy

Marié le 15 juin 1756, La Genevraie (61), avec Louise Charlotte Anne PÉRIER, Noble damoiselle (Parents : Charles François PÉRIER, Ecuyer seigneur de la Genevraye & Anne Gabrielle DE GRIEU, Noble dame) dont 2 enfants :

        1- Louis Pierre AGIS, Chevalier seigneur de Saint-Denis d'Augerons (27) 1758-1834 Marié en 1785 avec Julie Madeleine D'ARTAIZE, Noble dame

        2- Charles Louis AGIS, Seigneur de Saint-Denis-d'Augerons (27) 1760

 

 ------------------------------------------------------------------------------------

 

Le fourneau était exploité en 1771 par un certain Ledier, également maître de forge de La Ferrière, Rugles et Anet (?), et produisait 300 tonnes de fonte. Il semble que Moulin-Chapelle ait été un établissement important jusque dans le troisième quart du 18è siècle : en 1730 et 1750 il était loué 3.000 livres par an, et en 1771 il fournissait en fonte les forges de Ferrières et de Courcelles.

 

Mais en 1789, l'établissement était complètement tombé. Il était cependant bien situé entre les forêts de Beaumont, de Conches et de Breteuil dont il tirait son bois.

Il semblerait avoir été remis en activité entre 1789 et 1802, sous la direction de la veuve Mattard : le Mémoire Statistique lui attribue à cette époque un effectif de 50 ouvriers et une production de 200 tonnes de poterie, 400 de gueuse, et 300 tonnes de fer, bien qu'il n'ait jamais été fait mention de la moindre forge ou fonderie à Moulin-Chapelle !

Il fut vendu en 1817 par adjudication au profit de Le Vacher d'Urclé. 

       - note : pourrait-il y avoir un lien avec le fourneau de La Houssaye ou le Fourneau dit de La Ferrière -sur-Risle ?. R. Lesur  -

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(17) Cf. notamment la plainte en date du 28 mai 1792 de Claude Dupuis, propriétaire des forges de La Poultière, et de la veuve Narbonne-Pelet, propriétaire des forges de Rugles, contre Caroillon frères, Mattard, Fontenay et O (Arch. Nat. ; F1* 4350).

(18) Cependant, des textes de l'An IX (Areh. Nat. : F'i 1348) et de 1818 (Arch. dép. Eure : 33 S 4) indiquent deux fourneaux et une Forge au Vieux-Conches. Les 700 tonnes de fonte moulée produites sembleraient même indiquer l'existence de deux fourneaux dès 1789. Mais il semble plutôt qu'une fois de plus, le Mémoire Statistique accorde aux établissements du Vieux-Conches et de La Bonneville des chiffres de production valables pour les deux réunis, et non pour chacun d'eux.

(19) Arch. Nat.. : Fi- 1605 ; Arch. dép. Eure : 19 S 10. 33 S 4 ; Arch. dép. Orne : C39. C 46.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

272 ANNALES DE NORMANDIE 272

 

 

A un peu plus d'un kilomètre, se trouvait le fourneau de La Ferrière-sur-Risle (20).

Appartenant au duc de Bouillon, il était en 1771 exploité comme Moulin-Chapelle par Ledier ; il produisait alors 300 tonnes de gueuse et ravitaillait Courcelles et Ferrières.

L'état des usines de l'élection de Conches dressé en mai 1788, le mentionne encore, mais le Mémoire Statistique semble l'ignorer totalement, aussi bien pour 1789 que pour 1802.

Cette disparition est d'autant plus étonnante qu'il pouvait disposer jusqu'en 1791 de tout le bois nécessaire dans les quatre grandes forêts d'Evreux, Conches, Breteuil et Beaumont, qui faisaient partie du comté d'Evreux.

Bien national, passé dans le Domaine Extraordinaire, il fut alors vendu le 18 mars 1810 aux sieurs Petit et Canuel de Conches, qui n'étaient peut-être que des prête-noms, ainsi qu'ils le furent en 1804 en se portant acquéreurs pour Antoine Roy de l'usine de Breteuil. En tout cas des documents des années 1840 le donnent pour éteint depuis 1809.

 

 

L'usine de Trisay (21), qui appartenait à l'abbaye de Lyre, l'un des trois barons fossiers ecclésiastiques de la province de Normandie, remontait au moins au 15è siècle. C'était une usine complète groupant fourneau, forge et fenderie. En 1771 elle produisait 225 tonnes de fonte et 125 tonnes de fers. En 1789 la production était, selon le Mémoire Statistique, de 550 tonnes de fonte moulée, 400 de gueuse, 350 de fers et ses effectifs de 55 ouvriers.

 

Les Bénédictins de Lyre n'exploitaient pas eux-mêmes leurs forges, ils les affermaient : en 1771 le fermier était un nommé Pottin, plus tard ce fut un certain Bertin.

Le 30 mars 1791, l'usine de Trisay fut vendue comme bien national à Caroillon d'Estillières associé à son frère Caroillon de Melville. En 1802, Roy et Caroillon l'exploitaient en même temps que Rugles, La Bonneville et le Vieux-Conches et la production était alors de 400 tonnes de poterie, 500 tonnes de gueuse et 450 tonnes de fers.

Comme le Vieux-Conches, Trisay devait passer en 1814 à la comtesse d'Osmond, fille de Caroillon d'Estillières, qui la revendit également au comte Roy en 1827.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

A une douzaine de kilomètres en amont, aux contins des futurs départements de l'Eure et de l'Orne, l'on trouvait les très anciennes forges de Rugles (22) sur lesquelles les renseignements sont assez abondants. Fondées en 1598, reconstruites en 1644 ou 1646 par le marquis Adrien du Plessis-Chatillon, comte de Rugles, elles restèrent dans la famille du Plessis-Chatillon jusqu'en 1764.

Elles passèrent alors par testament à la famille de Narbonne-Pelet qui, entre 1764 et 1768, remit en activité l'établissement tombé depuis une vingtaine d'années. Quoique située en plein cœur du Pays d'Ouche, l'usine de Rugles était assez mal pourvue sous le rapport du combustible. Si les forêts de Breteuil et de Conches, dont elle tirait une partie de son charbon de bois, étaient toutes voisines, elle devait faire appel pour le surplus au bois des forêts du Perche, de Moulins et de Saint- Evroult, distantes de 25 à 30 kilomètres.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(20) Arch. Nat. : Fi'-' 1(505. Fi i 4348 : Arch. dép. Eure : 19 S 4(5. 33 S 1 ; Arch. dép. Orne : C 39, C 46.

(21) Arch. Nat. : F12 1605, F" 4348 et 4351 ; Arch. dép. Eure : 19 S 46, 33 S 4, 11 F 728 ; Arch. dép. Orne : C 39,C 46.

(22) Arch. Nat. : Fia 1605, FU 4348 et 4350 ; Arch. dép. Eure : 15 M 126, 19 S 46, 33 S 4 ; Arcli. dép. Orne : G 39, G 46.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

273 LA GRANDE METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE 273

 

Aussi le haut fourneau disparut-il entre 1802 et 1809. A la fin du 18è siècle, l'établissement de Rugles avait cependant pris une certaine importance et sa production était passée de 390 tonnes de fonte et 210 tonnes de fers en 1771 à 200 tonnes de poterie, 400 de gueuse et 370 de fer en barres ou fondu en 1789.

 

Le fourneau, la forge et la fenderie, pris à ferme par la Société Grandin, Flavigny, Mattard et Cie en 1771 (23) employaient une soixantaine d'ouvriers, à la veille de la Révolution.

En 1802, la Société Caroillon, Roy et Cie, qui l'avait pris à ferme, en tirait, selon le Mémoire Statistique, 200 tonnes de fonte moulée, 400 de gueuse et 325 de fers, et employait 65 ouvriers.

En 1809, les Narbonne-Pelet revendirent la terre et la forge de Rugles au banquier parisien Saillarel epii, en 1816, transforma le fourneau en laminoir. La forge se ravitailla désormais en gueuses auprès des fourneaux de Breteuil, Lallier ou la Poultière. En 1829 elle fut rachetée par le comte Roy.

 

A 16 kilomètres en amont, au-delà de l'Aigle, la forge d'Aube (24) remontait selon la tradition à 1509. A la fin du 18è siècle, la forge d'Aube appartenait à Jeanne-Suzanne-Marie de Lampérière-Montigny, comtesse de Bouville, dame d'Aube, qui l'avait donnée à ferme en 1765 à Pierre Duboullay, également maître des forges de Logeard, Pontœuvre et Saint-Evroult, pour 3.000 livres annuelles. L'établissement d'Aube, comprenant un fourneau, une forge à deux feux d'affinerie et un feu de chaufferie et une fonderie, produisait en 1789, selon l’Annuaire Statistique de l'Orne de 1811, 300 tonnes de fonte en gueuse et 200 tonnes de fers et occupait 200 ouvriers externes et internes.

 

En fait, dans l'entreprise constituée par Pierre Duboullay et continuée par ses fils, l'établissement d'Aube semblait surtout destiné à traiter les gueuses fournies par Logeant et Saint-Evroult, voire même par des fourneaux parfois plus éloignés jusque et y compris ceux de Conches ou de Senonches : les inventaires, reproduits par G. Primois dans son étude sur Pontœuvre (25), indiquent pour Aube une production, vers 1785, de 235 tonnes de gueuse et 140 à 175 tonnes de fers, très proche de celle qu'indique l’Annuaire Statistique.

Au début du 19è siècle, la forge d'Aube, qui devait passer par la suite au marquis d'Albon, co-associé du comte Roy dans les « Forges et fonderies de l'Eure », avait, toujours selon l'Annuaire Statistique, une production de 300 tonnes de gueuse et 200 de fers, soit à peu près la même qu'au 18è siècle.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(23) Selon Primois, op. cit., la ferme de l'usine de Rugles aurait été prise en septembre 1768, pour (5 ans 1/2, par Henri Ledier, de Conches, maître de forge à Anet ( ?). cautionné par Francois Anfrye, écuyer. Nous avons déjà rencontré Ledier, déjà cautionné ; par Anfrye, comme maître de forge à Moulin-Chapelle et à La Ferrière-sur-Risle en 1771. Sans doute Ledier n'était-il à Rugles que le régisseur de Grandin, Flavigny et Cie, que l'état de 1771 indique comme exploitants, ou bien leur avait-il cédé son bail entre 1769 et 1771 ? Le même problème se pose d'ailleurs en 1789 : en effet, selon un document des Arch. dép. Eure (II F 728), Rugles était exploité alors par Caroillon, Roy et Cie. Or, eu 1792, la veuve Narbonne-Pelet porta plainte contre Caroillon et Cie qui refusaient de lui vendre du bois des forêts du comté d'Evreux, dont ils s'étaient rendu adjudicataires. Il semblerait donc que l'usine de Rugles exploitée par Caroillon, Roy et Cie  en 1802 {Mémoire Statistique), leur ait échappé de 1792 à 1799 au moins, au profit de Dupuy, maître de. forge de La Poultière (Arch. Nat : F" 4350).

(24) Arch. Nat. : F12 1608 ; Areh. dép. Orne : C 40.

(25) Primois, op. cit.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

274 ANNALES DE NORMANDIE  274

 

De part et d'autre de la forêt de Saint-Evroult, les trois usines de Pontœuvre, Saint-Evroult et Logeard formaient un autre groupe métallurgique important exploité en liaison avec la forge d'Aube, par la même famille de maîtres de forges, les Duboullay, depuis 1765.

Ces établissements étaient tous fort anciens : le fourneau de Logeard à Saint-Pierre-des-Loges (26), remontait « à une époque reculée ». S'alimentant en combustible aux forêts voisines du Perche et de Moulins, ce fourneau fournissait des gueuses aux grosses forges d'Aube et de Pontœuvre. Il semble avoir disparu à la fin du 18è siècle, car l'Annuaire Statistique n'en fait plus mention.

 

Le fourneau et la fonderie de Saint-Evroult et la forge de Pontœuvre à Touquettes (27), auraient été fondés dès le 15è siècle, par les religieux de l'abbaye de Saint-Evroult, l'un des trois barons fossiers ecclésiastiques de Normandie, pour mettre à profit la richesse en bois et en minerais de leur forêt de Saint-Evroult ; les documents reproduits par M. Primois dans son étude attestent en tout cas l'existence de ces forges en 1493.

Selon l'Annuaire Statistique, le fourneau de Saint-Evroult aurait produit en 1789, 550 tonnes de gueuse destinée également aux forges d'Aube et de Pontœuvre ; la forge et la fonderie auraient produit 350 tonnes de fers de différentes espèces. Selon les inventaires publiés par M. Primois, la production de fer aurait oscillé autour d'une centaine de tonnes à la fin du 18è siècle. Comme nous l'avons vu, les frères Duboullay avaient réuni dans leurs mains depuis 1765 les établissements d'Aube, Saint-Pierre-des-Loges, Saint-Evroult et Touquettes et employaient 4 à 500 ouvriers internes et externes.

 

Confisquées en 1790 avec tous les biens de l'abbaye de Saint-Evroult, les usines de Pontœuvre et Saint-Evroult furent relouées aux frères Duboullay qui les gardèrent jusqu'en 1799, mais elles périclitèrent rapidement. Vendues alors comme biens nationaux, elles passèrent successivement entre les mains de plusieurs propriétaires sous lesquels elles achevèrent de tomber rapidement jusqu'à leur disparition définitive en 1807.

 

Un dernier groupe était constitué par les cinq établissements alignés sur une quinzaine de kilomètres le long de la vallée de l'Iton entre les forêts de Breteuil et de Bourth.

 

Le fourneau de Condé (28) était très ancien, puisque son existence est déjà attestée en 1622 par un acte de l'évêque d'Evreux, seigneur de Condé, fieffant à Jean Bucaille le droit de forge et fourneau sur la terre de Condé, acte confirmé par des lettres patentes de 1624 autorisant le rétablissement d'une forge et d'un fourneau à Condé.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(26) Arch. Nat. : Fia 13Q5 B et 1608 ; Primois, op. cit.

(27) Arch. Nat. : Fia 1608, Fi4 4455.

(28) Arch. Nat. : Fia 1605, Fi4 4348 et 1351 ; Arch. dép. Eure : 13 M 151, 19 S 38. 33 S 4 ; Arch. dép. Orne : G 39, G 46.

   ------------------------------------------------------------------------------------

 

275 LA GRANDE METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE 275

 

En 1704, Pierre Mahot, sieur de la Poltiere, maître des grosses forges et fourneau de Trisay, céda l’établissement de Condé à titre de fieffe perpétuelle à Jean Le Vacher.

L'établissement passa à la mort de ce dernier, en 1758, à son fils Jean Le Vacher de Perla, qui, en 1789, était également maître de forge à Tourouvre, Randonnai et La Ventrouze.

Condé devait rester dans la famille jusqu'à sa vente en 1827 par Le Vacher d'Urclé à la société Roy et d'Albon.

Tirant son minerai de divers gisements du Pays d'Ouche, son bois des forêts de Conches, Breteuil, La Ferté-Vidame ou Senonches, le fourneau de Condé semble avoir employé une cinquantaine d'ouvriers ; il produisait essentiellement de la fonte moulée (550 tonnes contre 200 de gueuse en 1789, 450 contre 150 de gueuse en 1802, chiffres donnés — sans doute exagérés ( par le Mémoire Statistique, la production totale de 1771 n'étant que de 150 tonnes).

 

L'établissement de Breteuil (29) consistait à la fin du 18è siècle en un fourneau et une fonderie. Plus ancien encore que Condé, puisque son existence est attestée dès 1480 par un arrêt de la Cour des Comptes de Normandie, l'usine de Breteuil semble avoir également possédé un moment une forge, dite de Pillebourse, encore mentionnée en 1704, lors de l'achat de Breteuil à Louise de Pardieu par Jean Le Vacher.

Située sur les chutes des petites Portelles du grand étang de Breteuil, cette usine tirait bois et minerai de la même aire géographique que Condé, mais semble avoir été un peu plus importante tant par ses effectifs (65 ouvriers) que par sa production (700 tonnes de fonte moulée, 250 tonnes de gueuse et 200 tonnes de fer de fonderie, selon le Mémoire Statistique, l'état de 1771 ne donnant que 300 tonnes de fonte).

Depuis 1758, Breteuil était la propriété de Le Vacher de Grandmaison, frère cadet de Le Vacher de Perla, et le resta jusqu'à son acquisition par Antoine Roy en l'an XI

En fait, l'établissement de Breteuil était alors complètement tombé, si l'on en croit le Mémoire Statistique. En 1813 cependant, il était à nouveau en activité, produisant 600 tonnes de gueuse et 200 de fer de fonderie.

Le fourneau de Lallier (30) existait également de longue date, puisqu'il remontait à des lettres patentes de mai 1610, autorisant le sieur de Bonnebosc à faire construire un fourneau sur sa terre de Lallier. Au 18è siècle, il appartenait « de temps immémorial » aux de Martel, qui le vendirent en 1809 à Antoine Roy. Bois et minerais étaient tirés des mêmes forêts où se ravitaillaient Breteuil et Condé ; la production était de 330 tonnes en 1771, 950 tonnes (dont 700 de poterie) en 1789, 600 tonnes en 1802, toujours selon le Mémoire Statistique, avec un effectif à peu près constant de 60 ouvriers.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(29) Arch. Nat. : F" 1605, Fu 4348 et 4351 ; Arch. dép. Eure : 19 S 38, 33 S 4 ; Arch, dép. Orne : C 39, C 46.

(30) Arch. Nat. : Fis 1605, FM 4348 et 4350 ; Arch. dép. Eure : 19 S 38, 33 S 4 ; Areh. dép. Orne : C 39, G 46.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

276 ANNALES DE NORMANDIE  276

 

Le marquis de Martel-Gournay, qui en avait hérité en 1752, avait confié l'exploitation de Lallier à Le Vacher de Perla, que nous trouvons à la tète de l'usine depuis 1771 au moins, jusqu'à sa mort en l'an VII.

Dans le même rayon, nous trouvons le fourneau et la forge de La Poultière et la fonderie des Ponts à la Guéroulde (31). Existant « depuis les temps les plus reculés », en fait attestée dès 1645, elle semble avoir toujours été dans la même famille, celle des Lombelon des Essarts, dont le dernier membre vendit l'usine à un certain Dupuy en 1791 ; la veuve de ce dernier la vendit à son tour à Antoine Roy en 1812.

En 1771, elle était, comme Lallier, exploitée par Le Vacher de Perla et produisait 350 tonnes de fonte et 210 de fer. En 1780, elle avait été prise à ferme pour six ans par un certain Rosse pour le compte de la société Caroillon et Cie, à laquelle avait alors succédé Dupuy (ou Dupuis), comme fermier en 1786, puis comme propriétaire en 1791. La production était passée à 400 tonnes de fonte et 230 tonnes de fers. Quant au Mémoire Statistique, il attribue à La Poultière 65 ouvriers et une production de 200 tonnes de fonte moulée, 750 tonnes de gueuse et 500 tonnes de fers en 1789 ; 55 ouvriers, 400 tonnes de fonte moulée, 300 tonnes de gueuse et 400 tonnes de fers en 1802.

 

A une dizaine de kilomètres en amont de ce groupe et déjà aux confins de l'Orne, Bourth (32) possédait une usine complète avec fourneau, forge et fenderie. Située entre les forêts de Breteuil et de Bourth, elle en tirait l'essentiel de son combustible, l'appoint étant fourni par les forêts du Perche, de Moulins et Saint-Evroult. Là aussi l’établissement existait « de temps immémorial». En tout cas il remontait au-delà de 1650, puisqu'il avait été affermé à cette date par son propriétaire Tanneguy Le Veneur de Tillières.

Les Le Veneur devaient rester propriétaires de la terre et de l'usine de Bourth  jusqu'en 1813, date à laquelle elles passèrent par héritage à la duchesse d'Harcourt.

 

Les Le Vacher semblent avoir montré la même continuité dans l'exploitation de Bourth ; en 1771, Le Vacher de Perla en était déjà le maître de forge; en 1811 son fils Le Vacher d'Urclé avait pris sa succession et devait la garder jusqu'en 1823, avec une interruption, semble-t-il, autour de l'An IX.

Si les effectifs attestent la même continuité (55 ouvriers en 1789. 50 en 1802 et en 1813), la production affecte une progression particulièrement remarquable jusque vers 1820 : 200 tonnes de fonte et 150 tonnes de fers en 1771 ; 200 tonnes de poterie, 250 tonnes de gueuse, 250 de fers en 1789 (d'après le Mémoire Statistique) ; 200 tonnes de poterie, 400 de gueuse et 350 tonnes de fers en 1802 ; 200, 600 et 500 tonnes en 1813 ; ce qui représentait en valeur la production la plus importante du département.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(31) Areh. \at. : F'-' 1(505. F m 1318 et 435(1 ; Areh. dép. Eure : 19 S 38, 33 S 4, II F 728 : «lép. Orne : e : 39. C l(i.

(32) Arch. Nat. : l'is 1605, FM 1350 et 4351 ; Areh. dép. Eure : 19 S 38. 33 S 4 ; Arch, «lép. Orne : C 39, C 46.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

277 LA GRANDE METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE 277

 

Marquant la frontière entre le Pays d'Ouche d'une part, le Perche et le Thimerais d'autre part, la vallée de l'Avre avait également fixé plusieurs établissements métallurgiques.

En aval de Verneuil, l'usine de Bérou (33) était une petite forge à trois feux qui ne comptait qu'une quinzaine d'ouvriers. Fondée au 15è siècle, elle avait été acquise de la succession de M. de Meray par Jean Le Vacher au début du 18è siècle.

 

A sa mort, en 1721, elle était passée à François Le Vacher de la Pertuisière, son fils cadet. A son tour, celui-ci l'avait transmise à son neveu et gendre François-Antoine Le Vacher de Grandmaison, qui l'exploitait lui-même en 1789. Dépourvue de bois à proximité, elle faisait venir son charbon de bois des forêts du comté d'Evreux et ses gueuses de Lallier. Condé et autres fourneaux de la vallée de l’Iton.

 

A une trentaine de kilomètres en amont, à proximité immédiate des forêts du Perche et de la Trappe, Le Vacher de Perla exploitait un important groupe métallurgique, qu'il avait acquis de l'ancien domaine de Gaillon. IL comprenait le fourneau et la forge de Randonnai, le fourneau et la forge de Gaillon, et la fenderie de Conturbie (34). Ces usines remontaient à une permission accordée en 1486, par René, duc d'Alençon, comte du Perche, au sieur du Tremblay.

Restée dans la même famille jusqu'au 18è siècle, elle avait été acquise par le sieur Mahot de la Poltière, qui, en 1740, la faisait exploiter par Desprez d'Ozé. En 1709, les usines avaient été rachetées aux héritiers Mahot, par Aimable Olry d'Orainville, écuyer, contrôleur ordinaire des Guerres, qui les avait affermées à un certain Milliard, puis à Beaulieu de Serreville, que mentionne encore l'état de 1771.

 

Les héritiers Olry vendirent Randonnai et Gaillon à Le Vacher de Perla, qui, en 1789, faisait valoir lui-même cet important établissement. En 1771, la production totale était de 300 à 350 tonnes de fonte et de 150 tonnes de fers. Le bois nécessaire était tiré des forêts royales : en 1789, 150 bûcherons travaillaient ainsi à ravitailler l'établissement en combustible. Le fourneau de Gaillon s'était spécialisé et ne produisait que de la poterie (chaudrons, marmites, etc.), environ 300 tonnes ; celui de Randonnai fournissait les gueuses, environ 100 tonnes : cette production de gueuse étant insuffisante, on faisait appel au fourneau de La Fonte.

Les forges donnaient environ 100 tonnes de fer en barres et la fenderie 90 tonnes de fer fendu. Les effectifs étaient d'une centaine d'ouvriers.

En 1802, la production avait peu varié : 240 tonnes de poterie, 150 tonnes de gueuses, 180 tonnes de fer en barres ou fendu. Inactive de 1806 à 1811, l'usine fut alors rachetée par un certain Dassy, négociant à Meaux, qui la remit en service. Mais les effectifs (72 ouvriers), ni la production (400 tonnes de fontes, 130 de fers) ne retrouvèrent jamais le niveau du 18è siècle.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(33) Arch. Nat. : Ki^ 1(505, Fi i 1352 : Arch. dép. Kuro : 1 !» S 4 ; Arch. dêp. Orne : C 4(i.

(31) Areh. Nat. : F^ 1(508. Fi i 1 155 ; An-li. dép. Orne : C Wl, C 10 ; Leroux, op. rit.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

278 ANNALES DE NORMANDIE  278

 

Sur les autres usines du Perche, il y a peu de nouveau à apporter après l'importante étude que leur a consacré M. Leroux. Pour les détails, nous ne pouvons donc que renvoyer à cet ouvrage déjà cité. La métallurgie du Perche n'était en fait représentée en 1789 que par quatre usines groupées dans un rayon de 10 kilomètres autour de Longny et entourées des vastes forêts du Perche, de Cherencey, Reno, Valdieu, Longny, Saussay, Voré, Senonches et La Ferté-Vidame.

Au nord, les établissements de La Fonte (35) et de La Mothe-Rouge (36) étaient en fait des annexes de ceux de Randonnai. Le fourneau de La Fonte, à Tourouvre, avait appartenu au marquis de Riantz qui l'avait vendu à Olry d'Orainville ; celui-ci, en 1771, l'avait loué, comme Randonnai, à Beaulieu de Serreville. A sa mort, ses héritiers le revendirent, avec le domaine de Tourouvre, à Le Vacher de Perla, qui en tirait des gueuses pour ses forges de Gaillon et de Randonnai.

A partir de 1790, La Fonte s'était spécialisée dans la production encore inconnue en France du fer fondu ; c'est à La Fonte que furent coulées, entre autres, les pièces du Pont des Arts à Paris.

Tombée en chômage en 1806, elle fut convertie en moulin en 1830.

 

Trois ou quatre kilomètres à l'est, le fourneau de La Mothe- Rouge et la forge de La Frette existaient depuis des siècles. Ces deux établissements avaient été achetés en 1718 par Alexandre Le Riche de Cheveigné, conseiller au Parlement de Paris, avec les domaines de La Ventrouze et de La Frette. Le haut fourneau, qui fonctionnait en 1680, semble avoir été éteint au début du 18è siècle ; M. de Cheveigné détruisit la forge vers 1780 pour la remplacer par un moulin à papier.

Loué à des fermiers, Desprez en 1729, Sauquaire en 1754, Duval en 1771, Chattier et Boistard en 1779, le domaine produisait 300 à 350 tonnes de gueuse et 200 tonnes de fer en 1771. Il fut acheté vers 1780 par le marquis de Serent, gouverneur des enfants du comte d'Artois ; le marquis de Serent le loua à Le Vacher de Perla, qui utilisa désormais le fourneau de La Mothe- Rouge pour alimenter en gueuses les forges de Gaillon et de Randonnai. Inactif dès 1802, le fourneau ne fut remis en activité qu'en 1827, pour s'arrêter définitivement en 1828.

 

En plein cœur du Perche, Longny (37) offrait, après Randonnai, le plus important groupe sidérurgique de la région, avec ses quatre usines de Rainville (un haut fourneau), Beaumont (une forge à trois feux), de La Poêllerie et de La Fenderie.

L'entreprise était bien située au centre des forêts du Perche, de la Trappe, de Valdieu, de Reno et de Longny et à proximité de celles de La Ferté-Vidame et de Bellème, dans l'exploitation desquelles elle ne rencontrait la concurrence d'aucun établissement similaire. Aussi l'existence de forges à Longny était-elle très ancienne : attestées dès 1537, elles avaient été démolies en 1657, puis reconstruites de 1705 à 1718.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(35) AreU. dép. Orne : G 31», G Ni ; Leroux, op. cit.

(36) Arch. dép. Orne : C «Kl, C 4(> ; Leroux, op. cit.

(37) Arch. Nat. : F'- 1008, FM 4455 ; Arch. dép. Orne : G 3(J, G 4G ; Leroux, op. cit.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

279 LA GRANDE METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE 279

 

Quant à la fenderie, elle datait de 1730. Au 18è siècle les seigneurs de la baronnie de Longny faisaient exploiter leurs forges par des fermiers. La même famille de maîtres de forge, les Desprez, resta à Longny de 1729 à 1750 ; Pierre Desprez d'Ozé s'était même assuré entre 1731 et 1743 un véritable trust sur la métallurgie du Perche, en prenant également à ferme Randonnai, La Lande et Moulin-Renault.

 

Aux Desprez succédèrent Moldié et compagnie de 1762 à 1771, puis Deriez et Caquet qui restèrent à Longny de 1771 à 1812. Entre temps, la terre, la seigneurie et les forges de Longny avaient été acquises par M. Subtil de Boisemont, qui en est indiqué comme le propriétaire dans l'état de 1771 ; en fait, il semble que le comte de Gontaut-Biron, par son mariage avec l'héritière des Boisemont, en aurait pris possession dès 1765. En tout cas, Longny resta dans la famille de Gontaut-Biron jusqu'en 1854. En 1813, l'entreprise avait été prise à ferme par Guillain et Goupil, qui reconstituèrent le domaine sidérurgique des Desprez avec Longny, Moulin-Renault, Dampierre et Boussard, et finirent par racheter Longny en 1854.

Longny occupait en 1789, 280 ouvriers y compris les bûcherons ; la consommation de bois comme la production semblent avoir été à peu près constantes de 1771 à 1845 : 8 à 10 000 cordes de charbon de bois, 400 à 600 tonnes de fontes, 250 à 350 tonnes de fers.

Aux confins du Perche et du Thimerais, à La Madeleine-Bouvet, Etienne-François d'Aligre,
 - https://gw.geneanet.org/dcolliot1?lang=fr&pz=pierre&nz=stoppa&p=etienne+francois&n=aligre   - premier président au Parlement de Paris, possédait, en 1789, le haut fourneau du Moulin-Renault (38) qu'il avait acquis, avec la terre de la Galaisière, après 1771, d'Antoine de Chaumont, marquis de la Galaisière, intendant de Lorraine. Vraisemblablement très ancien, le fourneau existait en tout cas sous Louis XIV, complété par de grosses forges qui disparurent au cours du 18è siècle. Il était exploité par des fermiers, Desprez d'Ozé de 1731 à 1734, Olry d'Orainville de 1740 à 1748 au moins, Hérault et Caquet de 1765 à 1788 au moins.

En 1810, Moulin-Renault appartenait à un certain Poulain qui exploitait lui-même, avant de passer entre les mains de Guillain et Goupil en 1813. Tirant son bois des forêts de Senonches, de la Ferté Vidame, de Saussay et de Champrond, Moulin-Renault produisait des gueuses mais surtout des fontes moulées, très réputées.

La production qui, selon l’Annuaire Statistique, aurait atteint 500 tonnes en 1789, mais devait en fait osciller entre 300 et 350 tonnes, était freinée par la difficulté du ravitaillement en combustible, qu'atteste peut-être le nombre inusité des bûcherons travaillant pour l'usine : 250 à 400 en 1789, 500 à 600 en 1810, pour une cinquantaine d'ouvriers internes. Le Président d'Aligre avait possédé au début du 18è siècle, un autre fourneau à La Lande, dont le fermier était Desprez d'Ozé. Mais ce fourneau avait été éteint en 1741 et n'avait jamais été rallumé (39).

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(38) Arch. Nat  : F12 1608, Fi* 4454 ; Arch. Dép. Orne : C 39, C 46 ; Leroux, op. Cil

(39) Arch. Nat. : Fi2 1304 et 1605, F** 4352 ; Arch. Dép. Orne : C 39, C 46.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

ANNALES DE NORMANDIE  280

 

En Thimerais enfin, le comte d’Artois possédait à titre d’apanagiste du comté de Senonches, deux établissements que faisait valoir Caroillon de Vendeul, vraisemblablement associé avec son frère Caroillon d’Estillières, depuis 1776 au moins.

Le haut fourneau de Boussard produisait 250 à 300 tonnes de fonte en 1789, l’usine de Dampierre-sur-Blévy avec son fourneau, sa forge à trois feux et sa fenderie, 300 à 400 tonnes de fonte et 300 de fer.

Grâce notamment aux forêts des Bouillon, le problème du combustible ne semble pas s’être posé d’une façon aussi aiguë en Haute-Normandie que dans les autres régions de France (40) et même que dans la partie occidentale de la province, qui pourtant semblait bénéficier d’aussi vastes ressources forestières avec les massifs d’Ecouves et des Andaines.

 

Alors qu’en Basse-Normandie, nous voyons au cours du 18è siècle disparaître de nombreux établissements comme La Ferrière-Bochard (41), Balleroy (42), Putanges (43) et Danvou (44), une seule usine, la forge de La Frette, est abandonnée dans le Perche vers 1780 ; en Pays d’Ouche, seul le fourneau de Moulin-Chapelle a été éteint en 1771 et 1789 ; il sera d’ailleurs remis en activité dans les premières années du 19è  siècle.

 

L’examen du tableau ci-dessous permet d’établir un bilan de cette sidérurgie du Pays d’Ouche, du Perche et du Thimerais à la fin du 18è siècle.

Tableau II

 

 

Nous constatons tout d’abord la prépondérance de cette région au sein de la métallurgie normande avec 54 % des établissements et 80 % de la production totale. Ces chiffres nous indiquent en passant que les usines y étaient plus importantes qu’en Basse-Normandie, ou du moins que leur production était plus régulière : la moyenne par fourneau s’établit en effet à 350 tonnes de gueuse en Pavs d’Ouche, 290 tonnes dans le Perche et 220 tonnes seulement en Basse-Normandie.

  ------------------------------------------------------------------------------------

(40) Cf. B. Gillc, op. Cit., p. 67-70.

(41 ; Arch. Dép. Orne : C ‚M. C 10.

(42) De Maulde, op. Cit.. p. 155-150.

(43) Arch dép. Orne : C ;i !l ; Darpenligiiy, op. Cil.

(44) Arch, Nat. : F^ «SO ; Arch. Dép. Calvados ; C 2 !>  De Maulde. Up. Cit.. \i. 15C>

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

LA GRANDE .METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE 281

 

Le pourcentage de fer obtenu par la transformation de ces gueuses, apparaît par contre nettement plus médiocre encore qu’en Basse-Normandie, avec 66% en Pays d’Ouche et 49% seulement dans le Perche, contre 77 % dans l’ouest de la province (45).

 

L’on notera, par contre, l’importance de la production des fontes moulées, dont  70%  étaient fabriquées dans ces trois régions du Pays d’Ouche, du Perche et du Thimerais, par une douzaine de fourneaux, alors qu’un seul établissement (46) se consacrait à cette spécialité en Basse-Normandie. Les poteries de fonte représentaient donc 32% de la production sidérurgique totale de ces trois régions et alimentaient un important commerce d’exportation vers les autres provinces et surtout vers l’étranger et les colonies (47).

Mais c’est surtout la structure sociale de cette industrie qui appellerait quelques remarques intéressantes. La première, qui a fait l’objet d’une communication au 87è Congrès des Sociétés Savantes (48), concerne la prépondérance écrasante de la Noblesse dans la métallurgie normande au 18è siècle.

Dans la région Perche- Pays d’Ouche – Thimerais, la proportion de nobles parmi les propriétaires d’usines atteint 84% avec 21 établissements au moins sur 25.

L’Eglise n’est représentée que par 3 établissements : Pontœuvre et Saint-Evroult à l’abbaye de Saint-Evroult, Trisay à l’abbaye de Lyre. Quant au Tiers, il est totalement absent, à moins qu’on ne puisse lui attribuer le seul établissement dont le propriétaire ne nous soit pas connu (cf. Tableau III).

 

Ce que nous avons dit des conditions historiques de la métallurgie normande suffit à expliquer cette situation : il est évident que, très tôt, la Noblesse et l’Eglise ont vu dans les forges le moyen de tirer partie au mieux de leurs vastes réserves forestières.

A une époque où la disposition de vastes ressources en combustibles conditionnait très étroitement le fonctionnement des entreprises sidérurgiques, les grands propriétaires forestiers comme les Bouillon ou l’Abbaye de Saint-Evroult étaient les mieux placés pour se faire métallurgistes. En fait, la plupart des maîtres de forges dépendaient-ils étroitement pour leur ravitaillement des coupes affermées dans les forets royales ou seigneuriales.

Ainsi, les Bouillon qui affermaient tous les six ans par adjudication 7 500 arpents dans leurs forêts du Comté d’Evreux (Evreux, Conches, Breteuil, Beaumont,

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(45) Ce dernier pourcentage établi d’après les données de Vannuaire Slatisliqm de l’Orne scrsiit particulièrement remarquable, s’il n’était vraisemblablement exagéré, à une époque où le pourcentage moyen oscillait entre (i2 r/r. (Bretagne) ei 71 r ; (l)auphiné) ; ef. H. (iille, op. Cit., p. »<>-97.

(46) Celui de Champseeret, au comte de Fiers (Arch. Dép. Orne : C l(i ; Annuaire Statistique, p. l~ ;i).

(47) 2,ô % seulement de la pohric de fonte était consommée sur place ; le surplus était exporté pour 2/3 par Rouen et Le Havre vers l’Europe du Nord. L’Afrique et les Indes Orientales ; cf. Mémoire Statistique et Arch. Dép. Eure : ,’ ? ;{ S I.

(48) G. Richard, Les nobles métallurgistes dans le département de l’Eure de 17S9 à IS.’tO. Au .win siècle, tout l’éventail de la noblesse est d’ailleurs représenté dans la métallurgie haut-normande : vieilles familles comme les Bouillon, les Broglie. Les Martel, les Le Veneur, les Lonibclon, les Agis, noblesse de robe comme les d’Aligre ou les Asselin, anoblis récents enfin comme les Caroillon ou les Le Vacher.

  ------------------------------------------------------------------------------------

Tableau III – Propriétaires et maîtres de forges du Pays d’Ouche, du Perche et du Thimerais à la fin du XVIIIe siècle

 Etablissements

 

 

283 LA GRANDE METALLURGIE EN HAUTE-NORMANDIE 283

 

Ce que nous avons dit des conditions historiques de la métallurgie normande suffit à expliquer cette situation : il est évident que, très tôt, la Noblesse et l’Eglise ont vu dans les forges le moyen de tirer partie au mieux de leurs vastes réserves forestières.

 

A une époque où la disposition de vastes ressources en combustibles conditionnait très étroitement le fonctionnement des entreprises sidérurgiques, les grands propriétaires forestiers comme les Bouillon ou l’Abbaye de Saint-Evroult étaient les mieux placés pour se faire métallurgistes. En fait, la plupart des maîtres de forges dépendaient-ils étroitement pour leur ravitaillement des coupes affermées dans les forets royales ou seigneuriales.

Ainsi, les Bouillon qui affermaient tous les six ans par adjudication 7 500 arpents dans leurs forêts du Comté d’Evreux (Evreux, Conches, Breteuil, Beaumont) grands métallurgistes de la région.

La tentative des Caroillon, qui s’étaient portés adjudicataires des forêts du Comté d’Evreux en 1791,  se trouvaient-ils être — par personnes interposées — les
plus ..../...             pour en monopoliser les produits au profit de leurs usines de Trisay et du Vieux Conches et donc réduire au chômage les forges de leurs concurrents, suffit à expliquer les émeutes de mars 1792 dans la région de Breteuil (49).

 

En fait Le Vacher de Perla, qui s’était porté adjudicataire des forêts des Bouillon en 1786 et en acheta une partie en 1792, Caroillon dont nous venons de voir la tentative en 1791, Roy qui s’était fait adjuger en 1822 les coupes de la forêt de Conches et l’acheta tout entière en 1825, ont tous bâti leur fortune métallurgique sur la prépondérance que leur donnait la disposition de ces énormes réserves de combustible.

 

La deuxième remarque ne nous paraît pas moins intéressante.

Les tableaux ci-joints font en effet apparaître, qu’à l’exception de Le Vacher de Perla qui possédait trois usines en 1789, de Le Vacher de Grandmaison et du comte d’Artois qui en possédaient chacun deux et du comte Le Veneur de Tillières qui, outre Bourth, possédait également une usine à Carrouges (50) en Basse-Normandie, les quatorze autres nobles propriétaires d’usines n’en possédaient qu’une seule chacun.

 

Aucune concentration notable n’apparaît donc vraiment encore dans la propriété, contrairement à ce qui se passera dans la première moitié du 19è siècle, où le comte Roy et le marquis d’Albon constitueront un remarquable ensemble de 12 usines.

Une concentration remarquable s’opère déjà en revanche au niveau de l’exploitation dès le milieu du 18è siècle.  (cf. Tableau IV).

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(49) Cf. l’ouvrage de Boivin-Champeaux, Notices historiques sur la Révolution dans le département de l’Eure, 1894.

(50) Comprenant le fourneau de Carrouges qui produisait 180 tonnes de gueuse, la forge et la fenderie de Saint-Martin-l’Aiguillon qui donnaient 115 tonnes de fer.

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

TABLEAU   IV – A

 

Quelques exemples de concentration dans la métallurgie normande
à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe

 

Nous avons déjà vu plus haut les entreprises des Desprez de 1721 à 1750 et des frères Duboullay de 1765 à 1812 ; nous n’y reviendrons pas, pour nous attacher plus longuement aux Le Vacher (51). Cette famille de maîtres de forges était originaire des environs de Breteuil, où commença sa fortune métallurgique avec l’acquisition par Jean Le Vacher, en 1704, des usines de Breteuil et de Condé.

 

En 1771, elle était représentée par les petits-fils de Jean Le Vacher, Jean-Louis Le Vacher de Perla, anobli par une charge de conseiller-secrétaire du roi acquise en 1779,
et François-Antoine Le Vacher de Grandmaison qui avait acquis lui aussi une charge de conseiller-secrétaire du roi, et ce, dès 1768. Le Vacher de Grandmaison, qui avait hérité de Bérou et de Breteuil, participait en outre aux entreprises des Caroillon et nous le trouvons notamment parmi leurs associés pour l’exploitation de La Poultière de 1780 à 1786, celle du Vieux-Conches à partir de 1786, et celle de La Bonneville en 1791. Peut-être était-il également leur associé à Dampierre avant 1789, pour l’exploitation de l’usine du comte d’Artois.

 

Dès 1804 cependant, Le Vacher de Grandmaison revendit Breteuil à Roy et Caroillon et quitta le pays. Les entreprises de son frère furent encore plus remarquables : en 1789 en effet, Le Vacher de Perla exploitait, outre Condé dont il avait hérité, Randonnai et La Fonte qu’il avait acquis de M. Olry d’Orainville, et quatre usines prises à ferme : Lallier, La Poultière, Bourth et La Mothe-Rouge.

 

A sa mort en 1800, son fils Le Vacher d’Urclé lui succéda quelque temps, mais, vers 1811, il revendit Randonnai et La Fonte. En 1818, Le Vacher d’Urclé n’exploitait plus que trois usines : Condé dont il avait hérité et qu’il devait revendre en 1827 à Roy et Duval, Moulin-Chapelle qu’il avait acquis par adjudication du baron Agis de Saint-Denis en 1817, et Bourth dont il devait recéder le bail à Duval en 1823.

 

  ------------------------------------------------------------------------------------

(51) Cf. l’ouvrage d’E. Isambart et E. Chauvin, Une famille de médecins normands an xvme siècle : les Le Vacher, Paris, 1901

  ------------------------------------------------------------------------------------

 

Un autre exemple intéressant est celui qu’offre en 1771 la société formée entre plusieurs négociants rouennais et elbeuviens, Grandin, de Flavigny et Mattard, pour l’exploitation des forges de Courcelles, de Ferrières-Saint-Hilaire, de Rugles et du Vieux-Conches.

 

En 1788, il semble qu'elle ait été évincée par une nouvelle association conclue entre Mattard, de Fontenay, Le Vacher de Grandmaison et les frères Caroillon. Ces derniers n'étaient d'ailleurs pas tout à fait des nouveaux venus dans l'industrie métallurgique, car, depuis 1770 au moins, ils exploitaient les deux usines du comte d'Artois à Dampierre-sur-Blévy et Senonches.

En 1791, cette société, qui de 1780 à 1786, avait pris à ferme La Poultière, et qui, depuis 1780, faisait valoir l'usine du Vieux-Conches et peut-être déjà celle de La Bonneville, se porta adjudicataire de l'usine de Trisay et des forêts du ci-devant comté d'Evreux.

 

 

La concentration de l'industrie métallurgique en 1771

 

La concentration de l'industrie métallurgique de 1789 à 1791

 

 

En fait, il semble qu'un partage se soit effectué très vite : dès 1802 au moins, tandis que la veuve Mattard exploitait seule Courcelles, Ferrières et Moulin-Chapelle, Caroillon d’Estillières semblait déjà seul propriétaire du Vieux-Conches et de Trisay. C'est cependant en association avec Roy qu'il exploitait ces deux usines, ainsi que celles de Rugles et de La Bonneville. L'association Caroillon, Roy et Cie devait se révéler fructueuse, puisqu'à la mort de Caroillon en 1814, elle était à la tête de 7 usines.

 

La concentration de l'industrie métallurgique de 1802 à 1814

 

 

L'un des associés de Caroillon, le comte Roy, allait y trouver le point de départ d'une remarquable fortune industrielle, puisque, reprenant l'affaire à son compte en association, d'abord avec le maître de forge Martin Duval de 1806 à 1836, puis avec le marquis d'Albon, et éliminant même du département, en 1827, les d’Osmond, héritiers de Caroillon, il allait créer, sous La Restauration et la Monarchie de Juillet, une entreprise d'une importance sans précédent en Normandie.

 

En 1854, la société Roy et d'Albon était un véritable trust sidérurgique groupant
La Bonneville, Le Vieux-Conches, Condé, Breteuil, Lallier, La Poultière, La Ferrière, Les Bottereaux, Le Moulin-Roger, Rugles, Aube et Logeard, soit douze usines, dont deux entièrement nouvelles.

 

Tableau   IV - B –

 

 

 Cette apogée marquait d'ailleurs le début d'une décadence rapide. La vieille sidérurgie au bois du Perche et du Pays d'Ouche, qui allait disparaître à partir de 1860 élevant la concurrence victorieuse de la fonte au coke, n'en avait pas moins fait preuve, à travers la révolution industrielle du 19è siècle, d'une vitalité étonnante depuis plus d'un siècle.

 

Guy RICHARD Attaché de Recherche au C.S.R.S.

 

Transcription faite par René Lesur Décembre 2019.

 

 ------------------------------------------------------------------------------------

http://yavaitcachezmeme.fr/index.php/les-environs/ferrieres-st-hilaire/

http://yavaitcachezmeme.fr/index.php/les-environs/beaumesnil/

http://yavaitcachezmeme.fr/index.php/les-environs/granchain/

http://yavaitcachezmeme.fr/index.php/les-environs/jonquerets-de-livet/

http://yavaitcachezmeme.fr/index.php/les-environs/st-quentin-des-isles/

 ------------------------------------------------------------------------------------

La Houssaye Wikipedia

Le seigneur local avait son château au Moulin-Chapel. Charpillon croit pouvoir écrire que ce seigneur possédait aussi le fief distinct de La Houssaye. En 1243, le fils de Robert de Courtenay, Pierre de Courtenay, donna La Houssaye et le Moulin-Chapel à Pierre de Morainville, archidiacre d'Évreux.

En 1360, le Moulin-Chapel possédait une forteresse dont Charles le Mauvais confia la garde à un membre de la famille Pommereuil.

Pendant la guerre de Cent Ans (1418-1420), le domaine du Moulin-Chapel puis celui de La Houssaye sont attribués par le roi d'Angleterre à Robert Wilugby. On retrouve la famille Pommereuil jusqu'au milieu du XVIIe siècle, période où un conflit l'oppose à la famille de Croisy, propriétaires du château de la Charbonnière à Bougy. Par union, on trouve César-Antoine de La Luzerne (père de César Henri de La Luzerne) seigneur du Moulin-Chapel en 1725. Enfin, après avoir connu le comte de Prie pour propriétaire, les terres passent à Jacques Gédéon Charles François Philippe Duclos-Lange dont la femme séparée fait saisir Plasnes, Courbépine et le Moulin-Chapel, qui fut adjugé au profit de Louis-Pierre Agis en 1792.

 ------------------------------------------------------------------------------------

 

 https://lagodiniere27.pagesperso-orange.fr/rb01-la_ferriere_sur_risle.html

     Depuis l'an II, l'usine du Fourneau, dirigée par les citoyens Roy et Cie, fabriquait des boulets pour l'armée. Les années suivantes on y adjoignit un atelier de préparation des bois pour la marine. Un arrêté de l'Administration Centrale d'Evreux, en date du 17 floréal an VII, décide qu'un certain nombre de conscrits mobilisés, employés dans ces ateliers seront considérés comme en service militaire et resteront à l'usine.

 ------------------------------------------------------------------------------------

 

2 - Le Cadastre du Noyer en Ouche 1834

 

Retour  Plan  du  site  
ou  page  précédente

 

Écrivez nous pour donner votre impression et votre suggestion, merci.
Pour nous écrire : cliquez

Ma messagerie est protégée par Avast

Conception et Réalisation : René Lesur